DU BENEVOLAT DES JEUNES AU SALARIAT : CAS DE LA COTE D’IVOIRE

DU BENEVOLAT DES JEUNES AU SALARIAT : CAS DE LA COTE D’IVOIRE

Etat des lieux

L’engagement des jeunes reconnue comme un facteur important de formation et d’acquisition d’expérience demeure une force transformatrice en faveur des défis à relever. Cette tranche d’âge qui représente plus de 65% de la population du continent africain a compris l’importance de son apport en faveur du développement économique et social de l’Afrique, donc s’investie de plus en plus dans la lutte. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, les initiatives en faveur des enjeux prioritaires comme le changement climatique, la culture, l’éducation, l’égalité du genre, la santé de la reproduction qui fait intervenir les challenges tels que les grossesses en milieu scolaire en (3588 en 2023), le taux de violences basées sur le genre ( 822 cas de viol en 2020), le taux de prévalence en planification familial qui est de 23% en Côte d’Ivoire selon l’Enquête démographique et de Santé 2021 etc. ont permis aux jeunes d’embrasser une carrière dans le social et ont ainsi favorisé leur engagement à faire face à ces défis. En Côte d’Ivoire, une enquête initiée par l’ONG Engage & Share a permis de relever que 23,8% d’adolescent.es et jeunes compris entre 14 et 30 ans sont engagé.es dans des ONGs jeunes qui militent en faveur de ces différents défis.

Le bénévolat n’étant pas seulement une noble entreprise mais également une excellente occasion pour les jeunes de développer des compétences précieuses et d’acquérir une expérience pratique, de nombreux jeunes bénévoles sont malheureusement confrontés à des difficultés lorsqu’il s’agit de traduire leur expérience bénévole en une opportunité d’employabilité. Cela est dû d’une part au fait que le travail bénévole est souvent sous-évalué par les employeurs au cours du processus de recrutement, car il n’est pas toujours considéré comme une « expérience professionnelle », d’autre part, à cause du fait que les jeunes bénévoles ne bénéficient pas suffisamment des réseaux professionnels qui peuvent les aider à trouver des offres d’emploi adéquates en lien avec leur expérience bénévole ou leur fournir des recommandations.

Il devient donc essentiel de trouver le moyen de former ces jeunes afin qu’ils puissent transformer les compétences acquises du bénévolat en compétences crédibles aux yeux des employeurs, pour que les expériences bénévoles deviennent plus que de simples compétences ponctuelles, mais des motifs d’employabilité.

Propositions de solutions

Ces dernières années, l’importance de l’expérience pratique et des compétences non techniques sur le marché du travail a été de plus en plus souligné par les employeurs qui recherchent des personnes qui possèdent un large éventail de compétences, notamment en matière de leadership, de travail en équipe, de communication et de résolution de problèmes. Les jeunes engagés ont la possibilité de développer ces compétences dans le cadre de leur travail bénévole, mais ont souvent du mal à établir efficacement un lien entre leurs expériences bénévoles et les attentes des employeurs potentiels. Afin d’y remédier, il est primordial que les organisations internationales, les ONGs etc. :

–  fournissent aux militant.es, des certificats ou des documents officiels comme des lettres de recommandation décrivant leurs réalisations, leurs responsabilités et les compétences acquises au cours de leur travail bénévole, après avoir collaboré avec ces jeunes ;

– mettent en place des programmes de mentorat dans leurs organisations et ONGs qui mettent en relation les jeunes bénévoles avec des professionnels dans leurs domaines d’intérêt. Ils peuvent ainsi bénéficier d’une orientation, de conseils et d’opportunités de mise en réseau. Ce qui leur permettra d’élargir leurs relations professionnelles et d’augmenter leurs chances de trouver un emploi après leurs expériences bénévoles ;

– proposent des sessions de formation approfondie à l’arrivée de chaque bénévole axées sur l’employabilité, ainsi que la rédaction de CV, les techniques d’entretien et le réseautage professionnel afin de les aider à améliorer leur capacité de communication et à mettre en valeur leurs expériences bénévoles.

Leçons apprises :

Notre expérience nous a permis de comprendre que :

– la communication est essentielle pour que les jeunes bénévoles apprennent à communiquer efficacement leurs expériences, en mettant l’accent sur les aptitudes et les compétences acquises au cours de leur travail bénévole ;

– l’adaptabilité des compétences peut aider les jeunes à transférer les compétences qu’ils ont développées, en les mettant en relation avec les exigences d’un emploi potentiel ;

– l’engagement expose les jeunes à divers secteurs d’activité, organisations et rôles, qui leur permet de se faire une idée des différents parcours professionnels, d’évaluer leurs intérêts et leurs passions et de prendre des décisions éclairées quant à leur avenir ;

– le bénévolat peut servir de plateforme aux jeunes pour explorer les options de carrière potentielles avant de s’engager dans un domaine d’étude ou un emploi spécifique ;

– l’amélioration de l’employabilité des jeunes bénévoles nécessite un effort de collaboration de la part des organisations, ONGs, des employeurs, etc. et des jeunes bénévoles eux-mêmes, afin de créer un marché du travail plus inclusif qui valorise les contributions et les compétences des jeunes bénévoles.

Recommandations :

Afin donc d’améliorer la situation, nous préconisons :

– la collaboration entre les organisations, les ONGs et les employeurs afin de combler le fossé entre l’expérience bénévole et les possibilités d’emploi. Cela peut conduire à une meilleure reconnaissance et à une meilleure compréhension des compétences acquises grâce au bénévolat ;

– l’intégration de l’expérience bénévole dans les programmes d’enseignement afin de promouvoir la valeur du travail bénévole, en l’intégrant dans les programmes d’études et en encourageant les élèves et étudiants à participer à des expériences de bénévolat significatives ;

–  des campagnes de sensibilisation aux avantages de l’embauche de jeunes bénévoles, en mettant l’accent sur les aptitudes et les compétences qu’ils apportent ;

– la mise à disposition des lettres de recommandation et des attestations de bénévolat pour permettre aux jeunes d’obtenir des références positives qui peuvent avoir un poids important lors des candidatures et des entretiens d’embauche. Car elles témoignent du caractère, de l’éthique de travail et de la fiabilité des jeunes bénévoles ;

– les jeunes bénévoles choisissent des activités bénévoles qui correspondent à leurs intérêts, à leurs objectifs et à leur profil de carrière potentiel afin d’améliorer leur employabilité et de construire une base solide pour leur carrière.